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On reparle de Cora …


Un peu d’historique est sans doute bien utile : souvenez-vous …

C’était en 1999, la société Cora et les instances communales, tant mouscronnoises qu’estaimpuisiennes, présentaient leur projet Cora , un mégacentre commercial à cheval sur les deux entités dans la zone d’activités économiques mixtes dite du Quevaucamps.

2003. Les permis sont accordés. Les associations environnementales vont en recours ainsi que les Amis du Quevaucamps.

2004. Le Conseil d’Etat donne raison aux opposants et annule les deux permis d’urbanisme.

2005. Les deux communes contournent l’argument du Conseil d’Etat. Elles accordent de nouveau le permis à Cora … Nouveau recours des associations environnementales et des Amis du Quevaucamps.

2006. Le Conseil d’Etat nous donne à nouveau raison. Il annule pour la deuxième fois les permis . Cora introduit alors une nouvelle demande de permis que le Ministre ANTOINE, alors en charge de l'Aménagement du Territoire, lui accorde. Cette fois-ci, la législation a changé. On parle maintenant de permis unique (à la fois permis d’urbanisme et permis d’exploiter).

2007. Devant un dossier toujours aussi inacceptable, les associations environnementales déposent pour la troisième fois un recours.

2008. Le Conseil d’Etat suspend le permis accordé par ANTOINE, estimant que la zone du Quevaucamps n’a pas été correctement clichée, en son temps, au plan de secteur. Il considère, tout compte fait, cette zone comme toujours une zone agricole qui, du coup, ne peut pas accueillir de grandes surfaces commerciales. Cette fois-ci, il s’agit d’une suspension et non d’une annulation comme les fois précédentes. Ce qui n'empêche pas la procédure d'annulation de suivre son cours.

Avril 2009. Coup de théâtre ! Le Ministre ANTOINE fait voter un décret qu’on appelle d’ailleurs en coulisses « décret Cora » . Très clairement, ce dossier est taillé sur mesure pour permettre à Cora de s’installer le plus rapidement possible dans la zone pressentie. C’est même tellement clair que le bourgmestre d’Estaimpuis, Monsieur Senesael en réclame encore la paternité pas plus tard que le 7 janvier dernier sur No Télé, rebaptisant ce décret « décret Senesael-Cora » . Il en serait, dit-il, l'inspirateur auprès du Ministre ANTOINE. En tous cas, ce décret modifie le Code Wallon de l’Aménagement du Territoire, de l’Urbanisme et du Patrimoine et valide ainsi certaines zones des plans de secteur. Il a pour but d'infirmer la décision du Conseil d’Etat pour la suspension qui n'est dès lors plus fondée et permettre ainsi à Cora de s’installer.

Dans la presse, SENESAEL crie victoire et prédit l’arrivée imminente de Cora . Oui, mais le Conseil d’Etat, lui, n’a cependant toujours pas réagi. Le 27 novembre 2009, après avoir entendu les avocats des opposants, le Conseil d’Etat décide d'envoyer la balle à la Cour Constitutionnelle. Il pose les questions suivantes : «  Peut-on oui ou non, valider le contenu de plans de secteur sans que le citoyen ait eu l’occasion de s’exprimer dans une enquête publique, une étude d’incidences et la possibilité de contester la légalité de la décision ? Peut-on par la promulgation de ce décret traiter différemment les citoyens ? Pareil décret peut-il avoir un effet rétroactif ? » Ce sont, en résumé, les questions posées à la Cour Constitutionnelle.

De cet épisode, à l’époque, curieusement personne n’a parlé dans les journaux et certainement pas le bourgmestre d’Estaimpuis, pourtant,jamais en retard quand il s'agit de mettre en évidence sa petite personne. Il s'agit pourtant d' un fameux coup de frein à nouveau donné au promoteur Cora. Du coup, celui-ci n’ose pas prendre le risque de commencer la construction (alors que la loi, le lui permet puisque le Conseil d’Etat n’a pas encore annulé son permis, mais ce serait prendre un risque énorme et Cora le sait).

Janvier 2010, pendant la séance des vœux au personnel de l’administration communale d’Estaimpuis, Monsieur SENESAEL pose un ultimatum à Cora (trop frileux sans doute à ses yeux). Vraisemblablement est-ce un coup de bluff pour qu’on parle encore de lui ! En tous cas, il clame haut et fort dans la presse, ce jour là et depuis, « Cora se fera en 2010 ou ne se fera pas ». Et de conclure, qu’il vendra les terrains à quelqu’un d’autre le cas échéant.

Cora rétorque qu’il compte introduire un nouveau dossier, un autre projet qui répondra mieux aux habitudes actuelles de consommation mais qui restera un projet phare pour la région.

Seulement voilà … se posent plusieurs problèmes pour Cora :

Quelle que soit l’issue de ce dossier, il y a au moins deux choses que l’on devra en retenir :

  1. Là, où nous prédisait un échec cuisant, les associations environnementales ont pu tenir tête à Cora et aux administrations démontrant qu’il n’est pas vain, lorsqu’on a un dossier costaud, d’oser porter l’affaire devant le Conseil d’Etat. Quoi qu’il arrive, puisque Cora a décidé de revoir son projet, Cora ne sera jamais le mégacentre commercial tel qu’imaginé en 1999. Nous avons été le petit caillou qui a grippé la belle mécanique que tout le monde donnait gagnante.

  2. Là, où nous disions il y a 10 ans que ce mégacentre commercial ne s’inscrivait pas dans le développement durable, car il ne correspondrait pas à l’avenir aux habitudes des consommateurs, que l’on reviendrait à des commerces de plus petites tailles et dans les centres urbains plutôt qu’à l’extérieur, que le modèle de croissance de la consommation qu’il proposait n’était pas tenable à long terme … Cora nous donne lui-même raison, puisque son représentant dit aujourd’hui que le projet a vieilli et qu’il faut le réactualiser à « la mode » d’aujourd’hui.

Le reste de l’histoire est encore à écrire … Mais nous restons bien entendu vigilants et sereins. Ce ne sont pas les dires d’une quelconque Madame Soleil prédisant l’installation du Cora en 2010 qui vont nous ébranler .


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