Cora Mouscron, quelques rappels.
Le projet que la SA Cora (filiale de Louis Delhaize) souhaite
installer au lieu-dit ‘Quevaucamps’ est composé des éléments suivants:
1. un hypermarché de 15 500 m2 de surface de vente,
incluant:
· la vente au détail alimentation,
frais, textile, électroménager, bazar
· les fabrications boulangerie,
pâtisserie, boucherie, poissonnerie, en ateliers spécialisés: 2 280 m2
· le stockage en réserve: 4 150 m2
· un drive-in pour boissons: 800 m2
· des bureaux (à l’étage): 2 715 m2
· les locaux techniques (à l’étage): 1
520 m2
2. une galerie commerciale comportant:
· 110 boutiques : +/- 18 214 m2
· 10 moyennes surfaces spécialisées:
+/- 14 489 m2
· 12 restaurants avec terrasses: +/- 4
620 m2
· un bowling: +/- 2 400 m2
· une jardinerie: +/- 9 180 m2
· et les mails de circulation (sortes
de rues): +/- 16 196 m2
3. un complexe de cinémas composé de 17
salles pouvant accueillir 4 517 spectateurs: +/- 13 634 m2
4. une station service de 300 m2
5. un parking planté d’arbres d’environ 4 500
places: +/- 128 600 m2
(Source:
étude des incidences sur l’environnement du projet,
bureau
d’études Poly’Art,
6
place Regnier au Long Col, 7000 Mons)
La réalisation du projet Cora nécessite trois
permis : permis d’urbanisme (anciennement permis de bâtir, de la compétence des
Collèges échevinaux des communes de Mouscron et Estaimpuis), permis d’exploiter
(de la compétence de la Députation permanente de la Province de Hainaut), et
permis socio-économique (de la compétence des Collèges échevinaux de Mouscron
et Estaimpuis, sur base de l’avis de la Commission socio-économique).
C’est à l’encontre des permis d’urbanisme que
les associations introduisent le présent recours devant le Conseil d’Etat; le
texte ci-dessous concerne donc principalement ces permis d’urbanisme.
· En décembre 2001, la SA Cora dépose
auprès des Communes de Mouscron et Estaimpuis deux demandes de permis
d’urbanisme, ainsi qu’une demande de permis d’exploiter auprès de la Députation
permanente du Hainaut.
· Les Collèges échevinaux des deux Communes
décident en janvier 2002 d’imposer à la SA Cora la réalisation d’une étude des
incidences sur l’environnement de son projet. Cette étude est réalisée par le
bureau Poly’Art, bureau agréé par la Région wallonne. Notons que la réalisation
d’une telle étude n’était pas obligatoire pour ce type de projet, mais les
Communes avaient la faculté de l’imposer, ce qu’elles ont fait.
· L’étude est achevée fin mai et
soumise à une enquête publique dans chacune des communes; cette enquête à
suscité 2.828 réclamations à Mouscron et 2.682 réclamations à Estaimpuis.
· Les études d’incidences sont soumises
à la Commission consultative communale d’aménagement du territoire (CCAT) ainsi
qu’au Conseil wallon de l’environnement pour le développement durable (CWEDD),
organe consultatif de niveau régional. Le 24 juin 2002, le CWEDD a remis un
avis défavorable sur l’opportunité de ce projet, relevant notamment que le
projet Cora n’est pas conforme aux documents d’aménagement du territoire que
sont entre autres le Schéma de développement de l’espace régional (le SDER,
‘bible’ wallonne en matière d’aménagement), et le schéma de structure communal
de Mouscron. Le CWEDD estimait aussi que certains éléments manquaient pour se
forger une opinion exacte des impacts environnementaux du projet, ces éléments
n’ayant pas été fournis par le demandeur. La CCAT d’Estaimpuis a également
remis un avis défavorable sur l’opportunité du projet (le 9/9/2002) ; la
CCAT de Mouscron a, quant à elle, remis un avis favorable le 24 juin.
· En septembre 2002 se tiennent les
deux réunions de concertation, réunions prévues par la législation à l’époque,
lorsqu’il y a étude d’incidences et que le nombre de réclamants est égal ou
supérieur à 25.
· En février 2003, les deux Collèges
des Bourgmestre et Echevins remettent l’un et l’autre un avis favorable
conditionnel sur la demande de permis Cora; le Fonctionnaire-délégué remet de
même un avis favorable conditionnel le 7 mars 2003 (le Fonctionnaire-délégué
est le directeur du service provincial de l’administration de l’aménagement du
territoire, du logement et du patrimoine; il s’agit de Monsieur P. Roussille).
· Le 8 mars 2003, la Ville de Mouscron
délivre le permis d’urbanisme à la SA Cora, et la Commune d’Estaimpuis fait de
même.
· Fin mai 2003, les associations introduisent
un recours devant le Conseil d’Etat; elles lui demandent de suspendre et
d’annuler les permis d’urbanisme délivrés par les deux communes à la SA Cora.
· Le 22 septembre 2004, le Conseil
d’Etat donne raison aux associations et aux riverains et il annule le permis
d’urbanisme accordé par les deux communes. L’annulation repose sur une
illégalité du permis : les 2 administrations ont mis comme condition à l'octroi
du permis "un fait futur et incertain" dont la réalisation ne dépend
pas de l'autorité des communes : un rond-point à l’intersection de la A17 et la
RN 511 en venant de Tournai ... ce rond-point était considéré par le MET comme
un 2ième rond-point non indispensable et le MET n'a pas voulu en entendre
parler dans un premier temps ....mais l'étude d'incidences mettait en évidence
le fait que ce rond-point était indispensable pour une meilleure gestion du
trafic, pour une plus grande fluidité .... Cora a voulu trop bien faire et a
déclaré dans un document rédigé après l'étude d'incidences qu'elle prendrait
financièrement, ce rond-point, entièrement à sa charge. Le MET quant à lui, a
fini par dire qu’il était d’accord pour ce rond-point mais à la condition que
ce soit Cora qui le prenne en charge financièrement, les administrations
communales ont plongé sur l'occasion en mettant cette prise en charge dans
leurs conditions d'octroi .... Le MET quant à lui, n’a fait que dire qu’il
était d’accord mais pour lui, il ne s’agit pas d’une priorité et donc il n’a
pas introduit de demande de permis d’urbanisme, ni à ce moment là, ni même au
22 septembre 2004.
Cela rend les permis illégaux et le Conseil
d’Etat conclut que les communes n’ont pas pu analyser les incidences sur la
mobilité de façon correcte.
Un autre fait est mis en évidence lors des audiences au Conseil d’Etat : la ring road (route prévue pour la circulation sur le site même du Cora) doit être considérée comme une voirie publique or les procédures qui s’imposaient, dès lors, n’ont pas été respectées.
· Le 18 avril 2005, les deux communes
accordent à nouveau le permis d’urbanisme, et essayent de tenir compte des avis
du Conseil d’Etat dans leur nouvel octroi.
· Juillet 2005, les associations, Ecolo
et deux riverains s’unissent pour introduire au Conseil d’Etat, une deuxième
fois, un recours en suspension et en annulation des permis d’urbanismes
accordés par Estaimpuis et Mouscron
Recours
contre les permis d’urbanisme délivrés les 16 et 18 avril 2005 par les communes
d’Estaimpuis et de Mouscron pour la construction d’un centre commercial et un
complexe de cinémas sur le site du Quevaucamps – Conférence de presse du 9
juillet 2005
1.
Qui sont les requérants ?
Le projet de la S.A. CORA tendant à la construction d’un vaste centre commercial et de loisirs sur le site de « Quevaucamps », à cheval sur les territoires de la ville de Mouscron et de la commune d’Estaimpuis et à proximité de la frontière française, a déjà fait l’objet d’une première annulation par le Conseil d’Etat en suite des recours introduits par Futurenvironnement, Inter-Environnement Wallonie, des riverains et des commercants.
Aujourd’hui, comme
alors, le recours de Futurenvironnement[1]
fédère bien d’autres opposants au projet comme ECOLO, les Fraternités ouvrières, le Groupement des Consommateurs, les
Amis de la Terre d'Estaimpuis, Eco-Vie et Inter-Environnement Wallonie.
2.
Sur la décision d’introduire une nouvelle fois un
recours au Conseil d’Etat
Suite à l’arrêt n°
135.251 du 22 septembre 2004 annulant les permis délivrés précédemment à CORA,
les communes d’Estaimpuis et de Mouscron ont adopté de nouveaux permis. Ceux-ci
ont été remaniés en vue d’intégrer les illégalités mises en exergue par le
Conseil d’Etat et le rapport de l’Auditeur, à savoir :
-
l’exigence de la prise en charge par CORA des frais de
réalisation du carrefour giratoire sur la RN511 à la sortie A17 en venant de
Tournai, alors qu’il n’était pas dit que la Région wallonne allait délivrer ce
permis (condition future et incertaine) ;
-
l’absence de délibération préalable des conseils
communaux de Mouscron et Estaimpuis sur la construction de la voirie
périphérique du projet et sur l’achèvement de la rue Jules Vantieghem (moyen
d’ordre public que l’Auditeur a soulevé d’office dans son rapport).
-
Les Communes pensent
être tirées d’affaire en raison de la récente rectification du MET selon
laquelle un giratoire n’a jamais été rendu nécessaire quand bien même celui-ci
était requis aux termes des conclusions de l’étude d’incidences.
Cependant, lors de
leur examen, ni le Conseil d’Etat ni l’Auditeur n’ont envisagé les moyens que
nous avions développé de sorte qu’ils gardent toute leur pertinence. Il s’agit
principalement de:
-
la profonde contradiction avec les orientations du
SDER[2]
(centralité des activités comerciales);
-
l’illégalité des plans de secteur de Mouscron-Commines
et de Tournai-Leuze-Peruwelz ;
-
l’incomplétude de l’étude d’incidences.
On remarquera que ces
trois grands axes reviennent chaque fois à s’interroger sur le choix de la
localisation du projet.
Mesdames, mesdemoiselles, Messieurs,
Pour celles ou ceux d’entre vous qui n’auraient pas assisté à la
conférence de presse du 21 juin 2003 ou qui en auraient oublié la teneur, nous
nous permettons un bref rappel de ce que représente FUTURENVIRONNEMENT.
Cette A.S.B.L a pour objet la défense de l’environnement et du
cadre de vie sur les territoires géographiques de Mouscron, Estaimpuis,
Courtrai.
Cette association a vu le jour suite aux réactions des riverains
à l’encontre de la construction de l’abattoir de poulets « FLANDREX »
dans une zone considérée comme artisanale, rue Raymond Beaucarne.
L’action menée envers Flandrex est toujours pendante devant le
conseil d’état.
Les volontés mises en œuvre à ce moment ont trouvé une finalité
dans la défense de l’environnement, d’où le nom de l’A.SB.L dont les statuts
sont parus au Moniteur le 10 décembre 1998.
Notre prise de position vis-à-vis du projet CORA reste motivée
par divers éléments :
-Disproportion
et gigantisme du projet( + grand que l’actuel V2 )
-Projet ne
respectant ni les directives du SDER préconisant notamment le retour des
commerces vers les zones d’habitat, ni le schéma directeur émis par la ville de
Mouscron.
-Crainte des impacts
de ce projet sur l’environnement :
pollution
des sols
incidences
sur les régimes des eaux (surface bétonnée énorme )
incidences
sur la qualité de l’air ( pollution due à l’augmentation très importante de la
circulation automobile :+ou- 15000 véhicules/jour selon l’étude
d’incidence.)
-Problèmes de
mobilité et de circulation :
RN 58 déjà
souvent saturée
RN 511 et
512 ne sont que des voies à 2 bandes de circulation.
Le secteur géographique dans lequel nous sommes est déjà
largement pourvu en centres commerciaux de toutes sortes. L’arrivée de ce
nouveau monstre de la distribution nous laisse sceptique quant à son utilité
économique réelle ; nous n’y voyons qu’un concurrent de plus à la fois aux
commerçants du centre ville de Mouscron mais également dans cette jungle de la
Grande Distribution.
Enfin du seul point de vue économique, ce projet ne vient-il pas
trop tard ?
Notre mode de distribution évolue ; les grandes surfaces se
plaignent de baisse de chiffre d’affaire, les prix baissent mais les clients ne
sont pas plus nombreux et le contexte économique les rend frileux, un nombre
non négligeable de consommateurs se tournent vers le « Hard
Discount » et parmi les jeunes le commerce par Internet prend une
importance accrue. Ce nouveau centre ne semble pas apporter une réponse à
l’évolution des besoins et des envies des consommateurs.
Pour terminer revenons sur un point de mobilité qui a fait
l’objet d’une des motivations de
l’arrêt rendu par le conseil d’état annulant
le permis d’urbanisme précédemment accordé à CORA.
Les auteurs de l’étude avaient soulevé la possibilité de
problèmes au niveau des accès et proposé la création de 2 ronds-points
supplémentaires soit 4 accès. Le projet ne pouvant se réaliser qu’avec 2 accès,
CORA proposait alors de financer la création d’un troisième rond-point à la
sortie e l’A17 en provenance de Tournai. Cette proposition semblait rencontrer
l’assentiment de toutes les autorités compétentes au point qu’elle en était
devenue la première des conditions des permis d’urbanisme accordés par les
communes de Mouscron et Estaimpuis ; et puis soudain ce rond-point pour
lequel « ON » a oublié qu’il fallait des autorisations pour le construire
devient inutile pour tout le monde !Joli tour de passe-passe !
Il nous a même été donné de lire que l’achèvement du rond-point
du pont tunnel à Estaimpuis diminuerait le flot de circulation pour accéder au
centre commercial par l’A17 !Tout un chacun imagine que les gens
d’Estaimpuis, Leers ou même Wattrelos, Roubaix passaient auparavant par l’A17
pour se rendre à Dottignies.
Inter-Environnement
Wallonie: pourquoi nous ne
voulons pas du projet Cora.
Le projet Cora est en effet exemplaire du mouvement de
délocalisation du commerce des centres vers la périphérie large, qui participe
à ce que les urbanistes appellent ‘la désurbanisation’, c’est à dire la fuite
hors des agglomérations de fonctions qui auparavant étaient propres aux centres
des noyaux bâtis, qu’ils soient urbains ou villageois.
Auparavant: précisons d’emblée qu’il ne s’agit pas de regretter
le passé, où la vie ne retourne pas. Que des évolutions se produisent, c’est
normal et c’est sain. Mais il importe d’analyser les conséquences des logiques
que nous voyons à l’œuvre pour corriger celles-ci au besoin, sans quoi nous
laissons glisser la société vers des dysfonctionnements qui s’avèrent très
difficilement récupérables après coup.
Or c’est bien de dysfonctionnement dont il est question
ici : la désurbanisation a des effets économiques, sociaux et
environnementaux qui sont de mieux en mieux connus aujourd’hui. Nous allons
passer en revue les principaux d’entre eux au travers de l’exemple que nous
fournit le projet qui nous occupe.
1.
Cora
est un méga-projet. Le propre des projets commerciaux ou de loisirs, dans le
contexte économique où nous sommes, est qu’ils entrent en concurrence avec des
fonctions existantes: difficile en effet de penser que la présence du Cora va
rajouter des élastiques au portefeuille des personnes habitant dans son aire
d’attraction. Une méga-structure de ce type vient remplacer un certain nombre
d’indépendants ou de plus petites structures et le bilan sur l’emploi est au total
négatif. Il ne s’agit pas de pertes d’emploi ponctuelles mais d’une diminution
structurelle : on évolue vers un modèle dans lequel il faut moins d’emplois pour fournir un même produit
ou service . La répartition de la plus-value dans ce modèle est donc moins
bonne alors que c’est un critère de bon fonctionnement social.
2.
Il est
vrai que les emplois créés le seront à Mouscron ; ceux qui seront perdus
le seront à Mouscron également, mais aussi à Tournai, à Courtrai, à Lille… mais
Mouscron fait partie du pôle de Lille et de la même sous-région que ses
voisines. En affaiblissant celles-ci, la ville sape le réseau géographique sur
lequel s’appuie son développement.
3.
Le
problème n’est pas qu’économique, il est aussi culturel. Un Cora de plus;
combien d’indépendants de moins? Et on veut rétablir l’esprit d’entreprise en
Wallonie? C’est là un leitmotiv du discours politique. Mais l’esprit
d’entreprendre, ce n’est pas un slogan, c’est une culture (notamment une façon
d’envisager le rapport qu’on entretient avec ses moyens d’existence). Comme
toute culture, celle-ci est affaire de milieu social : il est plus facile
de monter une affaire à un fils et petit-fils de commerçant qu’à un fils et
petit-fils de salarié, et cela quelles que soient par ailleurs les aides et les
informations dispensées par la Région. Et l’on va une fois de plus promouvoir
la grande structure qui va venir restreindre encore le ‘réservoir’ de cette
culture? Si oui, les décisions que l’on aura prises seront en contradiction
avec les objectifs qu’on prétend promouvoir.
4.
Les
gros projets en périphérie écartée (la périphérie de Lille en l’occurrence)
viennent accroître et compliquer la demande en transport, le mode automobile
étant de loin le plus sollicité. Ils produisent un accroissement des longueurs
de déplacement et une convergence des trajets vers le lieu d’attraction, et
donc une concentration des pollutions (bruit, pollution de l’air) et de la
dégradation de la voirie. C’est anti-environnemental : pour un même
service, ces grosses structures nécessitent plus d’emprise sur l’espace, plus
de consommation d’énergie et causent davantage de pollutions. C’est
anti-économique: le transport automobile est en effet indirectement
subventionné par la collectivité (coûts de l’infrastructure, coûts des dépenses
de santé liées aux accidents, à la pollution de l’air, à la sédentarité). C’est
aussi anti-social, une part croissante de l’offre commerciale n’étant plus
accessible qu’aux personnes ayant la capacité financière de s’acheter un
véhicule, et la capacité physique de le conduire ; sans parler de la
diminution de bien-être pour les habitants riverains.
5.
En
ville spécifiquement, la désurbanisation vient tuer la culture proprement
urbaine. On s’en émeut en France, où l’expansion des zones commerciales périphériques
est venue vider les centres des villes d’une part importante de l’animation
urbaine véritable. Cette évolution, si elle est moins criante en Belgique, y
fait aussi sentir ses effets pervers. Ceux-ci varient de quartier à quartier,
en fonction des faiblesses ou des atouts locaux. Cela va de la dégradation
complète avec abandon des commerces (voir Amercoeur à Liège!) à l’animation de
type ‘tourisme et loisirs’ - architecture ancienne bien rénovée, restaurants et
cafés hauts de gamme, boutiques de superflu et marchés d’artisanat - et si la
seconde version semble plus attractive que la première, elle n’en pèche pas
moins par artifice. En effet l’animation de ce type n’entretient guère de liens
avec la vie de la population, reste donc ponctuelle et n’a pas de caractère
particulier: le décor change, mais le reste (type d’activités, ambiance)
est le même quelle que soit la ville où l’on se trouve, ce qui diminue
l’attrait du lieu puisque celui-ci n’offre plus rien de spécifique. Ce type de
ville perd aussi sa mixité sociale dans la mesure où les seules activités qui y
sont proposées nécessitent des revenus relativement élevés ; les personnes
qui n’ont que de petits moyens n’ont rien à y faire. Moins de types de
populations, moins de types de commerces et de fonctions: on voit s’effacer
ainsi peu à peu ce qui fait le fond de la culture urbaine, à savoir une façon,
spécifique à chaque ville, de mélanger des courants d’origines et de natures
différentes (courants culturels, intellectuels, sociaux…).
6.
La
désurbanisation vient tuer la mixité des villages ; comment encore y
habiter lorsqu’on est trop âgé pour conduire et que la dernière épicerie vient
de fermer ? Dans un schéma où les fonctions sont dispersées dans l’espace,
le village devient un lieu dévolu au repos et aux loisirs de ménages qui
travaillent et disposent le plus souvent de deux voitures. Là aussi on va vers
la monofonctionnalité et ses travers.
7.
Les
grands centres commerciaux contribuent à la déshumanisation de l’espace. Ce
sont des espaces régulés par le marché (D. Bodson), et non plus par les
individus ou par la collectivité qu’ils forment. Ils sont, jusque dans leur
architecture, leur décor intérieur, leur mode de fonctionnement, le reflet
d’une évolution économique dont le citoyen a perdu le contrôle et auquel il n’a
accès que s’il dispose des moyens requis. Ces infrastructures génèrent donc, à
leur corps défendant, les dysfonctionnements sociaux qu’entraînent les
sentiments d’exclusion et de perte de contrôle. Le taguage, par exemple, peut
se lire comme un moyen de retrouver une emprise sur un monde qui vous rejette
et vous glisse des mains. Inutile de développer des objectifs sécuritaires et,
parallèlement, des projets de ce type: c’est radicalement contradictoire.
8.
Nous attirons l’attention qu’à l’heure où l’on parle de
repenser notre mobilité, ce projet est une aberration ! C’est un projet où le
déplacement en voiture individuelle est roi excluant par là même, la population
non-motorisée. Cet appel abusif à l’usage de la voiture engendrera la construction
de nouvelles infrastructures routières, de nouveaux aménagements à charge de la
collectivité.
Cette implantation, si elle se fait, aura des conséquences non seulement sur
nos grands axes mais également sur les voies alternatives et finalement sur
tout le réseau routier de notre région. Outre les problèmes de sécurité
routière, la qualité de vie s’en ressentira et ce ne sera pas non plus sans
impact sur la santé.
9.
Et l’on
achève de défigurer le paysage local. Cora, c’est un plus pour celui dont l’objectif
est de consommer; pour le Mouscronnois qui investit mentalement et
affectivement dans son lieu de vie, qui cherche à le connaître, qui souhaite
l’apprécier – et donc qui s’y promène - c’est une perte. Quel type de
comportement souhaite-t-on développer dans sa commune?
Quel style de vie voulons-nous pour demain, quel sens veut-on
trouver à l’évolution de nos espaces et de notre culture? C’est cela, la
question que pose la présente demande de permis.
Tous les choix sont devant nous ; mais ils ne sont pas tous
compatibles avec les discours et les principes affichés par ailleurs. La
décision sera exemplaire en matière de cohérence entre théorie et pratique
politique.
ECO-VIE asbl
135 rue de la Vellerie
7700
Mouscron
056/337213
sylvia.va@skynet.be
Eco-Vie, association mouscronnoise, s’occupe d’environnement et
de qualité de vie depuis 1978. Notre association s’est opposée,
catégoriquement, depuis le tout début du projet, à cette implantation.
Pourquoi ? Parce que ce projet menace directement tout ce à
quoi nous tenons et défendons depuis 25 ans : un bon aménagement du
territoire, un environnement sain et une qualité de vie.
En effet, que nous propose Cora ?
Ø Un énorme gaspillage de terres
disponibles or il
est indispensable de mettre en œuvre une bonne gestion des terres encore
disponibles dans notre région. L’intercommunale IEG ne cesse de se plaindre
qu’elle n’a plus de terrain disponible pour y installer les entreprises et là,
elle en sacrifie une belle proportion et s’empresse d’en demander de nouvelles
prises sur le peu de terres agricoles qu’il nous reste encore !
Ø
Une
énorme surface bétonnée
sur une terrain qui pose déjà actuellement de gros problèmes d’inondation (on
l’a d’ailleurs malheureusement encore constaté ces derniers jours). Les
décideurs communaux et Cora nous disent que justement Cora résoudra les
problèmes d’inondation mais il n’en est rien parce que leurs calculs ne
tiennent pas compte de pluies telles que nous connaissons actuellement !
Ø
Une
utilisation accrue de la voiture avec comme conséquence directe un environnement plus pollué
alors que nous sommes déjà dans une zone critique au niveau de la qualité de
l’air.
Ø
Le
transfert d’activités du centre ville, des quartiers et des villages. Cora veut créer, de toutes pièces,
une ville artificielle, une ville sans passé, sans racine où chacun se côtoiera
sans se rencontrer. Nous sommes fiers de la convivialité propre à notre région
où sera-t-elle dans ce lieu sans âme ?
Ø
Un
temple dédié à la consommation et à la surconsommation avec tous les effets pervers et les
phénomènes d’exclusion que cela entraîne
Ø
Le
concept du « fun shopping » comme s’il n’y avait pas d’autres occupations plus
intéressantes et plus enrichissantes que de parcourir les allées des magasins
en poussant un caddie !
Cora, c’est aussi la
disparition du petit commerce local et la mise à mal des moyennes et grandes
surfaces existantes. Cela aura comme conséquence de nouveaux chancres
commerciaux tels que nous en connaissons déjà actuellement, pensons au Sarma
par exemple.
Pour toutes ces raisons, le conseil d’administration d’Eco-Vie
n’a pas hésité une seule seconde à repartir au combat pour défendre nos
valeurs.
Fraternités
Ouvrières A.S.B.L.
58
rue Charles-Quint
7700
MOUSCRON
Face au projet CORA
Notre association a choisi de
s'opposer avec d'autres groupements et associations à la création d'une zone
d'Hyper Marché CORA.
Ne pourrait-on pas offrir autre chose
aux jeunes travailleurs mouscronnois que des emplois de type CORA ? Nous
pensons que oui, et qu'il faut y travailler ; entretemps nous souhaitons que
des efforts soient faits pour augmenter la capacité d'emplois au sein de la
ville même afin d'augmenter la qualité de vie de l'ensemble de notre
population. Et nous ne voulons pas que les emplois existants aujourd'hui dans
le commerce plus petit et installé dans le centre ville puissent être menacés
-Ce qui est inévitable avec CORA -
Nous sommes opposés aux pratiques qui
incitent sans cesse la population à dépenser sans compter et qui occasionnent
des endettements et le stress qui s'ensuit pour beaucoup de nos concitoyens. De
tels hyper marchés attractifs jouent évidemment sur ces questions -Nous avons
assez de magasins dans la région.
Nous souhaitons que l'espace encore
non bâti de notre ville puisse être préservé afin de permettre encore au public
certaines promenades dans des espaces verts. Il y a déjà bien assez de lieux
consacrés aux industries et au commerce. Nous refusons que certaines personnes
doivent supporter les nuisances amenées par une installation telle que CORA (le
bruit et les émanations toxiques des voitures). ~
Nous voulons aussi parler des vieux
travailleurs qui vivent dans notre cité et qui doivent pouvoir continuer à
aller acheter facilement ce qui leur est nécessaire dans leur quartier - avec
CORA nous pensons que cela ne pourra plus être possible -les petits commerces
seraient alors moins fréquentés et obligés à disparaître.
CORA qui s'installe -c'est encore
augmenter la souffrance parmi les plus démunis, ceux qui n'ont pas de voitures,
les jeunes, les chômeurs, les personnes âgées.
CORA qui s'installe -c'est encore
augmenter la capacité polluante de la consommation (et de la distribution alors
que nous en sommes à goûter déjà aux graves problèmes d'une pollution dépassée
sur la planète -CORA c'est un projet qui est déjà largement rétrograde !
GROUPE DE
CONSOMMATEURS MOUSCRON
58 rue Charles-Quint
7700 MOUSCRON
Notre groupement a été
fondé pour défendre les consommateurs maîtriser la consommation - Consommer
mieux et plus sain à des prix abordables.
Nous pouvons
constater qu'aujourd'hui, la grande production de masse(dont Cora se propose
d'être le distributeur le plus important dans notre région ) nous étourdit
tous, à la fois sur les diverses qualités mais aussi sur les prix.
Les consommateurs
véritablement happés par une machine à vendre n'ont plus l'occasion de choisir
les produits -Remplir un sac ou deux de produits se fait généralement au pas de
course. ..
Et bien sûr il faut
aussi nous harponner sur des objets qu'on n'avait pas vraiment envie d'acheter
au départ. ..
Il s'agit là d'une
pratique que nous pouvons critiquer et qui est induite par de telles surfaces
de vente. ..
Plus les surfaces
s'agrandissent, plus il faut calculer le temps que nous engageons et moins nous
prenons le temps de réfléchir nos achats. ..Il y a encore tout un système de
cartes ouvrant des crédits qui entraînent souvent une forme d'endettement à laquelle
peu de personnes résistent. Des productions d'objets très peu utiles et
rentables surtout, pour ceux qui le vendent.
Mais la défense des
consommateurs suppose aussi que nous nous opposons aux nuisances qu’une telle
surface de distribution comme celle que CORA, entraînera car les citoyens
consommateurs de notre région doivent aussi respirer l'air de plus en plus
vicié par la circulation automobile ( qui sera au moins doublée avec CORA)
supporter le bruit -le coût de la construction et de la réfection des routes
avec tout leur cortège d'inondations ...et la suppression des espaces naturels
nécessaires au bien -être et au repos.
Ces mêmes
consommateurs ne sont pas seulement des prolongement de chariots, ils ont
également, dans notre époque beaucoup trop individualisée, des besoins accrus
en matière de relations humaines -Les quartiers vidés des petits commerces où
peut se rendre la personne âgée, à pied -ce qui la fait sortir de chez elle
chaque jour -vont devenir des mouroirs -dont nous ne voulons absolument pas
dans la ville –Nous ne voulons pas de cette ambiance détestable d'abandon de
certains quartiers dont se nourrit tout une violence. ..
Pour cela aussi
nous disons non à CORA .
1e rue de Néchin
7730 LEERS-NORD
Tél.056/48 97 64
amisdelaterre@hotmail.com
Notre association est une
association d’éducation permanente. Elle a pour objet de traduire dans la vie
quotidienne et sur les terrains économique, social, culturel et politique, les
enseignements de l’écologie, science qui étudie les rapports des êtres vivants
entre eux et avec leur milieu. Cet objectif inclut la mise en œuvre de tout
moyen, en ce compris les interventions ou les actions judiciaires ou
administratives, pour assurer la défense de l’environnement.
Les Amis de la Terre s’opposent à la construction du
projet commercial « CORA ».
Pour les
Amis de la Terre, le commerce doit revenir dans les centres urbains pour en réhabiliter
les friches et pour participer au tissu social, il faut recréer des circuits
courts où le producteur est plus proche du consommateur.
Les
zonings commerciaux sont une erreur urbanistique, ils favorisent une mobilité
basée sur l’utilisation accrue de l’automobile avec toutes les nuisances en
termes de pollution, de santé, de bruit et de gaspillage énergétique que nous
connaissons. C’est le consommateur qui paye.
Nous
refusons la promotion du concept de « fun-shopping » (ou le plaisir
de dépenser son argent au-delà de ses besoins). Ce concept représente un danger
car il pousse à la surconsommation et ne contribue en rien à l’épanouissement
de la personne.
Le projet
de « parking botanique didactique » nous semble un alibi écologique
grossier : qui ira étudier des arbres « exotiques » avec des
enfants sur un parking ? Connaît-on suffisamment les arbres de chez
nous ? L’imperméabilisation d’une surface aussi importante ne pourra que
contribuer à intensifier les
inondations que connaissent déjà les riverains de la vallée de l’Espierre car
les volumes de retenue prévus sont bien trop faibles et ne tiennent pas compte
des prévisions concernant les changements climatiques avancés par les
scientifiques. L’importance des parkings montre bien le trafic attendu,
contribuant grandement aux émissions de CO2 et de poussières responsables de
l’amplification de l’effet de serre.
Nous ne
pouvons accepter sans réagir un projet qui globalise à lui seul autant de
principes contraires à l’éducation à l’écologie que nous défendons
quotidiennement.
C’est
pourquoi les Amis de la Terre d’Estaimpuis s’associent aux autres associations
pour soutenir les procédures juridiques en cours.
Ecolo a toujours été complètement opposé au projet, qui ne correspond
en rien aux principes de développement durable qu’il devient plus qu’urgent de
respecter, ni au projet de société que nous défendons.
Cora c’est un projet financier, un projet économique qui nous
propose, pour nous allécher :
Ecolo est aussi opposé au projet parce que :
-
nous
trouvons, comme Eco-Vie, qu’il ne faut pas faire l’apologie du « fun
shopping » : que ce soit pour les jeunes ou les moins jeunes, il faut
encourager toutes autres formes de loisirs que celle qui consiste à errer dans
des centres commerciaux ;
-
ce
projet laissera les plus vulnérables sur le côté : quand les petites et
moyennes surfaces auront dû fermer leurs portes au centre ville ou dans les
communes alentour et qu’ il faudra absolument une voiture pour faire ses
courses à Mouscron, que feront les personnes âgées, les plus démunies qui n’ont
pas de véhicule personnel ?;
-
il va à
l’encontre du SDER et donc d’un projet à long terme d’aménagement du
territoire : pourquoi concocter de beaux documents, cohérents, réfléchis
sur le long terme pour s’asseoir dessus dès qu’il faut le mettre en
œuvre ?
-
les
nuisances qu’il amènera seront diverses et énormes.
Mouscron et Estaimpuis méritent un autre avenir que celui que
nos autorités communales et Cora leur réservent.
[1] En 2003, Inter-Environnement Wallonie ASBL avait elle aussi introduit un recours contre les permis.
[2] C’est ce qui avait motivé IEW à intervenir parce que « ce cas est bien représentatif d’un problème urbanistique dont la fédération se préoccupe depuis sa fondation. En outre, le fait que le permis délivré heurte le SDER confère, à ce recours, un enjeu régional ».